Qu’est-ce que l’infarctus du myocarde ?
Complication de l’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde se définit comme la nécrose d’une partie plus ou moins grande du muscle cardiaque, lorsque cette zone n’est plus irriguée par les artères coronaires lui apportant normalement l’oxygène véhiculé par le sang.
L’artère coronaire correspondante peut être obstruée par un caillot ou thrombus (thrombose), rétrécie par des plaques d’athérome(athérosclérose) ou momentanément fermée par un spasme (contraction spontanée d’une artère de durée variable), la route du sang étant ainsi coupée.
L’événement déclencheur est, presque toujours, la rupture ou l’érosion d’une plaque d’athérome.
En France métropolitaine et en 2005, 312 900 personnes ont été hospitalisées pour une maladie coronaire (femme dans 1 cas sur 3), 167 301 pour un syndrome coronaire aigu ou un infarctus du myocarde, et 40 597 personnes en sont décédées (de sexe masculin dans 6 cas sur 10) ce qui représente 27,1% de l’ensemble des décès cardio-vasculaire (2ème cause de décès après les cancers).
L’oppression thoracique prolongée, signe majeur de l’infarctus du myocarde
Il s’agit en général d’une douleur très intense située en plein milieu du thorax (derrière le sternum), produisant une sensation angoissante de serrement, d’oppression évoluant initialement en vague ou, d’emblée, brutale.
Cette douleur se prolonge dans le temps (au moins vingt minutes), elle peut irradier vers la gorge, les mâchoires, l’épaule, les bras, parfois les poignets. Il peut s’y associer une fatigue intense, des sueurs, une pâleur, un essoufflement, des palpitations, un malaise, une sensation de mort imminente, ou encore des signes digestifs : nausées et vomissements.
Parfois, une complication apparaît dès les premières minutes avec une perte de connaissance, pouvant aboutir à un arrêt cardiaque et respiratoire : la mort subite.
Si cette oppression thoracique ne cède pas spontanément au repos ou rapidement (en moins d’une minute) après prise de trinitrine sous la langue (en spray ou en comprimé), et qu’elle se prolonge au delà d’une vingtaine de minutes, il faut suspecter la survenue d’un infarctus du myocarde. Il faut immédiatement arrêter toute activité et appeler le 15 qui débutera le traitement à domicile et procédera à votre hospitalisation dans l’idéal dans une Unité de Soins Intensif de Cardiologie (USIC).
Il faut prêter attention à ces symptômes quand ils surviennent au repos ou au moindre d’effort, de façon non prolongée et répétitive. A ce stade, le muscle cardiaque n’est pas encore atteint : il est absolument impératif de consulter un médecin dans les plus brefs délais.
Les causes : un enchainement en cascade menant à l’infarctus
Dans la paroi de l’artère coronaire, la rupture de la plaque se situe à la jonction entre celle-ci et un segment sain de l’artère. En basculant dans la lumière, la plaque d’athérome déchire la paroi de l’artère. Le contact entre la plaque libérée et le sang circulant génère une cascade d’événements : activation des plaquettes, formation de thrombus, production de substances qui crée une constriction de l’artère. Cette séquence va entraîner une occlusion totale ou partielle, temporaire ou permanente.
A la rupture est associé la formation d’un caillot (thrombusfibrino-plaquettaire) dont l’importance et la durée de développement déterminent le diagnostic immédiat. L’obstruction peut être passagère et non-occlusive. Si le thrombus obstrue totalement la lumière de l’artère, la conséquence est très souvent l’infarctus et, parfois, la mort subite.
Les facteurs de risques de l’infarctus
Trois facteurs de risque ne peuvent pas être corrigés : le sexe, l’âge et l’hérédité (histoire familiale d’infarctus ou d’accidents vasculaires).
Neuf autres facteurs de risque sont acquis et ainsi relèvent directement de nos comportements et de nos styles de vie. Ils peuvent et doivent être amendés : alimentation trop riche en graisses saturées, tabagisme, hypercholestérolémie, hypertension artérielle, diabète, sédentarité, obésité abdominale, troubles psycho-sociaux (dont stress et dépression), le fait de ne pas manger de fruits et de légumes tous les jours, le fait de ne pas boire un peu d’alcool (uniquement en prévention primaire chez les personnes saines). Fréquemment associés, ces facteurs de risque potentialisent mutuellement leurs effets.
Comment réagir : face à l’infarctus du myocarde, l’urgence absolue
Le facteur temps est le paramètre principal de la prise en charge thérapeutique de l’infarctus. La taille de celui-ci augmente en effet avec la durée de l’occlusion coronaire et la performance contractile du muscle cardiaque se détériore avec l’augmentation de cette taille.
Rien ne doit passer avant la prise en charge, en urgence absolue, du patient : convenances personnelles, crise pendant la nuit, crainte de déranger les proches ou le médecin, lieu du travail ou de vacances, etc.
Si on a pu réussir à diminuer la mortalité de l’infarctus du myocarde par un facteur 3 en vingt ans, grâce notamment au développement des techniques invasives pour rétablir le flux sanguin de l’artère coronaire bouchée, le facteur temps est fondammental . Ainsi, les deux premières heures sont déterminantes pour mettre en œuvre les traitements qui conditionnent la vie. Le gain de survie est d’autant plus important que le rétablissement du flux sanguin du myocarde est précoce, plus complète et plus durable : réduction de la mortalité de 50 % pour un traitement lors de la première heure et de 30 % la deuxième.